
« Dix ans qu’il est en service et il n’a pas eu besoin de passer chez le garagiste ! », s’anime Valérie Mousset, cheffe de projet Mars Science Laboratory (MSL)/Curiosity au CNES. Avec ses 899 kg dont 80 kg d’instruments et malgré les radiations, un terrain instable voire laminé ou l’impossibilité de piloter en temps réel, le véhicule d’exploration rover Curiosity est toujours aussi robuste. Depuis 2012, MSL doit répondre à quatre objectifs scientifiques : caractériser la géologie de Mars ; analyser le climat martien ; déterminer si la vie a pu exister sur Mars et préparer l’exploration humaine.
Pilotée par la Nasa, le CNES et ses partenaires scientifiques sont fortement impliqués dans la mission Mars Science Laboratory avec deux instruments français. Le premier avec Chemistry Camera (ChemCam), un instrument d’analyse élémentaire de roches/sols qui tire un laser et permet par analyse spectroscopique et imagerie de déterminer la composition moléculaire d’un échantillon du sol martien ciblé. Après plus de 900.000 tirs lasers, les résultats permettent de mettre en évidence une composition de roches magmatiques évolutives avec le temps et en interaction avec plusieurs générations de fluides. Ces différents dépôts géologiques résultent de plusieurs cycles climatiques provoqués pendant l’assèchement de Mars.


Le second avec Sample Analysis at Mars (Sam) est un ensemble d’instruments de spectrométrie de masse, de chromatographie et de spectroscopie laser dont l’objectif est l’analyse in-situ du sol, du proche sous-sol et de l’atmosphère. Les premiers résultats marquent la présence de matière organique à la surface de Mars et de méthane (CH4) présent depuis moins de 300 ans dans l’atmosphère. Par ailleurs, ils confirment la présence de sels de chlorates et de perchlorates. Enfin, Gale, le cratère d’impact où se trouve le rover Curiosity, a été un environnement fluvio-lacustre selon l’analyse des minéraux et isotope. Il y avait donc de l’eau liquide stable et neutre. Mars aurait pu accueillir une forme de vie simple il y a … trois milliards d’années !
MSL est une mission qui devait durer une année martienne, soit 687 jours terrestre. Après avoir déjà parcouru 28,4 km en dix ans avec 600 mètres de dénivelé, le CNES s’est engagé auprès de l’Agence spatiale américaine de poursuivre la mission jusqu’en 2025. De nouveaux objectifs devront déterminer le rôle de l’eau en surface et dans les zones évaporitiques. Curiosity devrait également dresser un inventaire des molécules organiques présentes, évaluer l’effet des radiations, comprendre la météo actuelle sur Mars, ou encore comprendre le rôle des vents au cours de l’histoire de la planète rouge dans le cratère Gale. Depuis le développement de MSL, près de 300 ingénieurs et scientifiques français travaillent quotidiennement avec Curiosity a minima à 55,7 millions de kilomètres de Terre.