16 Janvier 2009

Au coeur de la Guyane

28/04/2010 À Camopi, petit village amérindien au sud-est de la Guyane, les projets scientifiques menés régulièrement avec le CNES prennent une dimension particulière. Calisph’Air projet d’étude de l’atmosphère et du climat y mêle approche scientifique et ouverture sur l’extérieur.

La science, fenêtre sur le monde

La centaine d’élèves accueillie au collège est exclusivement composée d’enfants amérindiens. Ils vivent sur une zone protégée. L’accès y est très réglementé, le tourisme interdit. De toute façon, il faut 5 à 12h de pirogue —selon le niveau des eaux— pour rallier Camopi depuis Saint George, la ville la plus proche.

Issus de deux tribus, les Wayãpi et les Teko, les enfants sont imprégnés d’une culture ancestrale ou le rapport à la nature domine leur vision du monde. Pour eux, c’est une évidence : l’homme et la nature sont étroitement liés.

Dans ce contexte, les observations et mesures scientifiques du projet Calisph’Airbasé sur l’expérimentation, leur permet une autre approche de la réalité et… du monde extérieurContrairement à leur culture où l’on ne réalise une tâche que si l’on est sûr de la réussir, par exemple, l’expérimentation scientifique introduit le tâtonnement et les bienfaits de l’erreur qui permet de valider ou invalider des hypothèses », explique Daniel Baur, l’enseignant qui pilote le projet Calisph’Air à Camopi. « La science offre ainsi une ouverture sur d’autres modes de fonctionnement.»

 

Dans le cadre de Calisph’Air, les élèves étudient  les particules en suspensions dans l’air, l’observation de la couche nuageuse ou encore la pluviométrie. Comparer ces données avec celles recueillies en d’autres points du globe permet de prendre conscience des variations et d’en chercher les causes.

Et à travers ce projet, Camopi correspond avec des établissements français… quand la liaison Internet le permet. En 2009, un workshop en Guyane a également amené les élèves à rencontrer des classes américaines, mexicaines, et des visioconférences permettent d’autres échanges.

Un ballon stratosphérique

Daniel Baur est ses élèves sont allés plus loin. En 2009, ils ont lancé, avec les animateurs du Cnes, un ballon stratosphérique lors de l'opération "L'espace au fil du fleuve" (une initiative du CNES et du Rectorat de Guyane). Comme Jean-Louis Etienne en avril 2010, ils ont embarqué à son bord des expériences de mesures liées à Calisph’Air. « Le projet Calisph’Air est pour moi le tronc central de notre travail scientifique, détaille Daniel Baur.

De là, nous déployons des branches et travaillons par exemple les mathématiques (construction de la nacelle, mesures,…) ou la géographie (échanges avec d’autres établissements dans le monde).»
Autant dire que, pour eux, l’expédition de Jean-Louis Etienne recèle de multiples intérêts.

Outre les mesures réalisées à partir d’un ballon semblable au leur, et dans un milieu si différent, elle donne véritablement le sens du lien entre les différents phénomènes climatiques de la planète. De tels projets introduisent également auprès de ces enfants la notion de temps et d’avenir. Notions qui leur sont, là encore, étrangères mais que les différentes étapes d’un projet scientifique (conception-planification-financement) font concrètement toucher du doigt.